Des vacances à Bordeaux ?

 

 

La villégiature aux 19e et 20e siècles dans le nord-est montréalais et Laval

 

 

« Passer des vacances à Bordeaux » évoque peu d’enthousiasme aujourd’hui! Autrefois, les choses étaient bien différentes. À la surprise de plusieurs, les rives de la rivière des Prairies ont déjà été lieux de vacances et de villégiature. D’ailleurs, plusieurs maisons actuelles étaient à l’origine des chalets. On y retrouvait aussi plages et hôtels!

 

Remontons le fil du temps pour bien saisir l’histoire de la villégiature du nord-est montréalais. Au milieu du 19e siècle, Montréal s’urbanise et s’industrialise. Géographiquement parlant, Montréal se situait grosso modo entre le fleuve Saint-Laurent et l’actuelle rue Sherbrooke. Comme les autres grandes villes de cette époque en Occident, elle était peu étendue, mais très densément peuplée. On pouvait la qualifier de « piétonnière » puisque tout était accessible à pied : travail, église, école, etc. À ce moment, les connaissances en hygiène publique étaient pratiquement inexistantes. L’insalubrité des villes était notoire et les épidémies fréquentes. On a déjà surnommé Montréal la Calcutta du nord en raison de pestilence qui y régnait.

 

Il est peu surprenant que les espaces verts et l’air pur deviendront très prisés. Le nord montréalais a eu une vocation agricole jusqu’à la deuxième Grande guerre mondiale. Peu urbanisée, cette partie de l’île se découvrira une nouvelle vocation.

 

Les hôtels sont dans les premières manifestations de cette nouvelle vocation. Plusieurs y venaient passer la période estivale. Les hôteliers avaient pour habitude d’annoncer le nom de leurs clients dans les journaux! Cette pratique semble bien étrange. Il faut réaliser que de prendre des vacances dans un hôtel n’était pas à la portée d’une famille ouvrière. En annonçant, que la famille d’un notaire ou d’un médecin, homme d’affaires, etc. fréquente tel établissement représentait une forme de publicité affichant qu’on y loge que la crème!

 

 

Malheureusement, la plupart de ces édifices n’existent plus. Il nous en reste que des souvenirs, témoignages et photographies. Dans Ahuntsic, la rue Lajeunesse a été nommée en mémoire d’un hôtelier. Sur cette rue, on y retrouvait les hôtels Marcotte et Péloquin.

 

 

Puis dans le quartier Bordeaux où le train y passe depuis 1876, « L’hôtel de l’île » s’installera près de la gare à proximité de l'île Perry.

 

 

  

  

L’hôtel Meunier à Cartierville était situé à l’angle de Gouin et Lachapelle.

 

 

À Laval, on y retrouvait plusieurs hôtels. En plus de la rivière des Prairies, on bénéficiait des rives bordant la rivière des Mille-Îles. À l’angle des boulevards Curé-Antoine-Labelle et Sainte-Rose, il y avait des hôtels sur chacun des quatre coins. Il s’agissait des hôtels Robert, Cyr…

 

  

Dans le quartier Saint-Vincent-de-Paul, on retrouvait l’hôtel Charbonneau sur le boulevard Lévesque.

 

 

Certains choisiront de se construire d’humbles et parfois luxueuses habitations utilisées en été seulement : des chalets. Ces habitations saisonnières logeront des villégiateurs qui viendront doubler, et parfois d’avantage, en nombre la population de certains villages.

 

 

 

Dans Sainte-Rose, plusieurs de ces chalets deviendront des habitations permanentes et mèneront au développement et à la création des quartiers Fabreville et Auteuil.

 

 

L’avènement de l’automobile puis la multiplication et l’amélioration des routes entraîneront le tourisme d’un jour. La voiture sera la grande responsable de la grande popularité des plages. Dans le Québec des années 1920-1930, il était fréquent que les municipalités interdisent plages et baignades à proximité de l’église en raison des bonnes mœurs et de la pudeur! Tout près de l’île Lapierre à Montréal-Nord, à proximité du pont de la 25, on pouvait se baigner à la plage Rochon. Le quartier Sainte-Rose avait la plage Sainte-Rose et la plage Idéale. Puis le quartier Saint-François avait la plage Chartrand située au sud de la montée du Moulin.

 

 

 

De la même façon que l’automobile, l’instauration d’un service de transport en commun en 1861 à Montréal avec le tramway permettra aux citadins de se rendre dans le décor champêtre de la rivière des Prairies.

 

 

 

 En 1894, une première ligne de tramway est instaurée au nord jusqu’au Sault-au-Récollet. D’ailleurs, le nom d’une de ces compagnies de tramways qui desservait le nord était bien évocateur : « Montreal Park & Island ». Une ligne de tramway sera établie jusqu’à Cartierville où les citadins se rendaient pour se divertir dans un site bucolique qui marqua plusieurs générations, le parc Belmont.

 

 

  

 

 

Remerciements, iconographie,

Société historique de Rivière-des-Prairies

Société d’histoire et de généalogie de Montréal-Nord

Société d’histoire et de généalogie de l’île Jésus

Steve Proulx

 

Collection Robert Laurin

Collection Ginette Vallée

Collection Paul Labonne

Fond de la Société de conservation du Sault-au-Récollet

BANQ

 

Références bibliographiques :

Paroisses et villages anciens de Ville de Laval : étude ethno-historique et architecturale / [équipe de recherche historique et de rédaction, Gaston Chapleau... et al.]  Éditeur    [Laval] : Société d'histoire et de généalogie de l'Île Jésus, [1995-1996] 

 

L'administration de la seigneurie de l'Île Jésus au xviiie siècle / par Sylvie Dépatie. Éditeur    [Montréal : S. Dépatie], 1979. 

 

« Jubilée d’or de Saint-Joseph de Bordeaux – 1895 à 1945 » de Robert Prévost

 

« Mon tour de jardin »; de Robert Prévost