« Les italo-montréalais et leur histoire »

On retrouve des italiens dès l’époque de la Nouvelle-France. Le régiment de Carignan-Salières qui arrive ici en 1660 provient de « Carignano » une ville du Piedmont. D’autres qui servent de personnel militaire arrivent avec le conquérant britannique (1756 – 1763). Parmi eux on retrouve des noms comme Del Vecchio, Bruchési, Donogani, Rusconi…

En 1861, l’Italie est unifiée sous Victor Emmanel II. À partir de ce moment, la main d’œuvre peut circuler librement. En 1869, 130 000 italiens quittent le pays. Ce nombre grimpe à 875 000 en 1913. Entre 1861 et 1914, 14 million d’italiens quittent.

 

À Montréal, on compte en 1871 55 personnes nées en Italie. 131 personnes en 1881. Il s’agit d’hommes seuls qui vont se marier avec des canadienne-françaises. On retrouve peu d’italiennes célibataires à ce moment. Ils s’établissement généralement dans l’Est de Montréal et sont économiquement indépendants. Parmi eux, il y a Tommaso Carli et son fils Alessandro qui sont statuaires et Mario Catelli (photo) le fabriquant de pâtes alimentaires.

 

 

On peut toujours apercevoir « l’Hôtel Rasco » autrefois « Hôtel Donegani » au 281-295 Saint-Paul Est. Giovanni Donegani est le premier italien a être diplômé en médecine en Amérique. L’hôtel servait de centre culturel italien.

 

 

L’immigration italienne au Québec qui s’installe principalement à Montréal se fera sur deux vagues 1876-1922 et 1946-1976. La grande majorité provient du sud (Molise, Abruzzes, Campanie, Pouilles, Calabre, Basilicate, Sicile…). Quelques-uns viennent du nord notamment du Frioul. Jusqu’au début du 20e siècle, l’immigrant italien prévoit retourner après avoir accumulé un capital : le « ritornato ». L’envoi d’argent en Italie est très important pour plusieurs petits villages. Le gouvernement canadien ne considère pas l’italien pour le milieu rural, on le qualifie de « mauvais colon ». Le Canada a besoin d’une main-d’œuvre non qualifiée puisque le pays s’urbanise et se modernise : on a besoin de « bras ».

L’établissement du réseau ferroviaire demande une main d’œuvre nombreuse. Le CP et le CN emploient environ 6000 italiens en 1902. Ils s’établissent près des gares Viger et Bonaventure. D’autres trouvent du travail dans l’établissement de lignes de tramways et de routes. Le gouvernement canadien via ses programmes offre des emplois dans l’extraction des ressources (bûcherons et dans les mines), mais les conditions sont très difficiles pour ne pas dire abjectes. Plusieurs capitaines de navire vont servir d’agents de main d’œuvre.

 

Deux hommes se distinguent à titre d’agents de main d’œuvre ou de « padrone » : Alberto Dini et Antonio Cordasco. Le « padronisme » existe en Italie depuis le 19e siècle. Le « padrone » se lie des jeunes garçons et filles de milieu rural miséreux (mendiants, apprentis, prostituées...). Les « padrones » publient dans les journaux italiens des offres d’emplois au Canada. Cordasco qui recrute pour le CP et Dini pour le Grand Tronc annoncent en 1904 qu’il y a 10 000 emplois…ce qui est faux et très loin de la réalité. Ceci entraîne en 1905 une commission d’enquête sur le « padronisme » et ses pratiques frauduleuses. Les « padrones » prenaient des commissions auprès des compagnies de navigation, des maisons de chambres, des banques… Les immigrants sont à la merci d’eux en raison de leur méconnaissance du pays et de la langue. Cordasco se fait organiser un défilé à son honneur (photo) où il sera à la fin couronné le « roi des travailleurs »!

  

Alberto Dini                                                                                    Antonio Cordasco                        

 

                         

À l’arrivée du 20e siècle, de plus en plus d’immigrants s’établissent définitivement et ceux-ci écrivent à leur famille en Italie. Ceci devient une nouvelle méthode d’échange d’informations. En plus de la commission d’enquête, ce nouveau phénomène fait disparaître le « padronisme ». En 1901, on compte 1398 italiens à Montréal et ils seront 13 922 en 1921.

En 1905, une première paroisse pour desservir les italiens est née : Notre-Dame du Mont-Carmel. L’église était située à l’angle de René-Lévesque (Dorchester) et Berri. La paroisse est située près du port et des gares où l’on trouve des emplois. Le territoire de la paroisse s’étendait : Beaudry (est), Saint-Urbain (ouest), Notre-Dame (sud) et Ontario (nord). Déménagée, la paroisse est maintenant sur la rue Du Mans à Saint-Léonard.

Rapidement, la paroisse et l’église Notre-Dame du Mont-Carmel ne suffisent plus aux besoins. L’église ne compte que 400 places pour une communauté de 4000 à 7000 âmes. L’école paroissiale accueille entre 95 et 154 élèves. De plus, le quartier est insalubre et la qualité des logis (appartements et maisons de chambres) laisse à désirer. Ce qui ne correspond plus à un immigrant qui s’installe et fait famille.

En 1896, une chapelle est construite à l’angle de Saint-Denis et Beaubien (photo). Une desserte y est ouverte pour les italiens en 1909 dans la nouvelle église Saint-Édouard. Éventuellement, l’espace finit par manquer puisque la population italienne s’accroît.

Chapelle Saint-Édouard en 1896

 Ils s’établissement de plus en plus dans le Mile-End. Ils fréquentent l’église Saint-Jean-de-la-Croix à l’angle Saint-Zotique et Saint-Laurent. Ce qui mène à la création d’une nouvelle paroisse. Le 25 avril 1911, la paroisse Notre-Dame-de-la-Défense ou « La Madonna Della Difesa » est créée. La majorité des paroissiens proviennent du Campobasso et ils vouent un culte à la vierge Marie qui serait apparu dans la localité de « La Difesa ». Une première église qui servit d’école également fut érigée sur l’actuelle rue Henri-Julien (photo). Aujourd’hui, on retrouve sur ce site l’école Notre-Dame-de-la-Défense. Dès 1913, la paroisse dessert 8000 personnes. C’est à ce moment, le déclin de Notre-Dame du Mont-Carmel où on dessert 7000 personnes en 1911 et 4000 en 1921.

Église et école Notre-Dame-de-la-Défense

Les signes que le « ritornato »disparaît et que l’immigrant  s’installe définitivement sont nombreux. Les paroissiens demandent à la paroisse que l’école relève dorénavant de la commission scolaire de Montréal puisqu’ils paient des taxes eux aussi! La communauté soutient et fait élire deux candidats lors d’élections à la commission scolaire de Saint-Édouard en 1915 et plus tard à la commission scolaire de Montréal.

En 1919, un jalon important est posé avec la construction de l’actuelle église Notre-Dame-de-la-Défense à l’angle de Dante et Henri-Julien. Elle est réalisée par l’architecte Roch Montbriand et l’artiste Guido Nincheri. À l’origine, on planifie une construction incluant un clocher, mais les difficultés financières qui suivent la Première Guerre forcent à revoir les plans. Nincheri s’inspire de l’église de son village d’origine à Prato (photo). Tout autour de l’église s’établira l’épicentre de la vie des italiens de Montréal : épiceries, cafés, barbiers, boucheries, marchands de tabac, commerces…

 

Église projetée

L'ancienne et nouvelle églises côte à côte

Église de Prato

L'église Notre-Dame-de-la-Défense aujourd'hui

L’école Saint-Julienne-Falconieri de la rue Drolet de style Art-Déco est construite en 1925 selon les plans d’Ernest Cormier.

En 1933, on érige sur le site de l’ancien bâtiment qui servit d’église et d’école sur Henri-Julien  l’actuelle école Notre-Dame-de-la-Défense. L’architecte Eugène Larose réalise les plans de cet édifice Art-Déco.

 

Les italiens protestants quant à eux fréquentent l’église Toutes-les-Nations qui était située derrière l’actuel Marché Saint-Jacques sur le site du Square des Arts. Cette église était aussi fréquentée par des hongrois, ukrainiens et japonais.

 

Le choix de s’installer plus au nord dans le Mile-End permet la possibilité de se faire un jardin. Ce qui permettait d’économiser sur les légumes. D’ailleurs, un italien ne crève jamais de faim! Plusieurs canadiens français seront médusés par ces légumes qu’ils ne connaissaient pas! À peine développé le secteur permet même la chasse au petit gibier dont dans le Parc Jarry! Les lieux offrent un « air meilleur ».

Le type d’habitation est un sujet très révélateur du parcours de l’immigrant italien. On peut en dénoter trois : la pension, la cohabitation et la maison unifamiliale. La pension est habituellement pour les hommes seuls. Les affinités culturelles sont très importantes, car les italiens sont très différents d’une région à l’autre : coutumes, langues, cuisine… La pension est tenue par une mère de famille qui travaille à la maison. Cette femme ou la « bordante » exige le respect de certaines règles comme arriver à l’heure pour le souper! Pour l’immigrant, la pension est un moyen de briser la solitude. Il est pensionnaire rarement plus d’un an. La cohabitation (ou la corésidence) est un logis partagé par deux familles n’ayant pas ou peu d’enfants. On partage les frais de loyer et les ameublements puis équipements ménagers. Ce mode d’habitation est aussi temporaire. Dès le départ, la démarche de l’immigrant italien est l’acquisition d’une propriété et d’une maison. Cette acquisition concrétise son parcours et le stabilise. Habituellement, la pension et la cohabitation se terminent lors de la venue d’un premier enfant.

Édifice à logements de la rue Drolet

 

L’épicerie joue un rôle important pour l’immigrant italien. Il s’agit d’un commerce qui exige peu de capital à exploiter. Il est habituellement attenant au logement familial de l’épicier. Entre 1911 et 1916, le nombre d’épiceries italiennes dans le Mile-End double en nombre. Il s’agit d’un lieu de proximité et de confiance. L’épicier fait crédit dont en hiver où le chômage est plus important. Il change les chèques de ses clients. Le client doit avoir bonne réputation au sein de la communauté. L’épicerie italienne devient un lieu de sociabilité après les heures d’ouverture : parties de cartes et bières!

En 1909, le conseiller municipal vend son terrain pour en faire le Parc Martel. En 1914, une acquisition d’autres terrains permet de l’agrandir. En 1998, ce parc est rebaptisé « Parc de la Petite-Italie ».

Situé à quelques mètres de l’église Notre-Dame-de-la-Défense, le Parc Dante est aménagé en 1964. On y retrouve une sculpture en bronze « La mort de Dante » de Carlo Balboni. Elle a été réalisée en 1921 pour commémorer le sixième centenaire du poète italien. Elle est donnée par la communauté italienne à la ville de Montréal et a été inauguré au Parc Lafontaine en 1922. Elle est enfin relocalisée dans ce parc en 1964.

 

La Petite-Italie comptait sur deux superbes théâtres décorés par Emmanuel Briffa et toujours existants sur la rue Saint-Denis. Le Théâtre Rivoli ouvert en 1926 est maintenant une pharmacie! Et Le Théâtre Château ouvert en 1932 est maintenant le Centre chrétien métropolitain. Ils sont situés à l'angle Saint-Denis et Bélanger

 

Théâtre Rivoli

 

Théâtre Château

Le pays d’origine est composé de régions bien différentes l’une de l’autre. En 1920, on crée l’Ordre des Fils d’Italie (OFI) afin de susciter un sentiment d’italianité au sein de la communauté. Elle crée plusieurs événements culturels, sportifs, sociaux…

 L’OFI est nationaliste et portera plus tard le message de l’Italie fasciste. D’ailleurs une partie de ses membres quitteront pour fonder l’Ordre des Italo-Canadiens (nationaliste, mais antifasciste). Les italiens protestants n’appuieront jamais les fascistes. Tandis que la classe politique du Québec est très sympathique à Mussolini dont Maurice Duplessis et Camillien Houde. Lors de la visite d’un représentant de l’Italie fasciste (Italo Balbo) en 1933, le Québec et la communauté italienne déroulent le tapis rouge.

 

Le maire de Montréal et député conservateur Camillien Houde entretient des liens très étroits avec la communauté italienne. Le 7 février 1939, il déclare que si la guerre éclate entre l’Italie et l’Angleterre que la sympathie des canadiens-français iront aux italiens. Houde sera marquant pour la Petite-Italie : Lors de la Grande Crise, il lance plusieurs chantiers et travaux publics pour combattre le chômage. En 1933, on débute la construction du Marché du Nord qui est l’actuel Marché Jean-Talon sur l’ancien terrain de crosse du club irlandais « Shamrock ».

Camillien Houde (gauche) et Maurice Duplessis (droite)

Marché du Nord - Marché Jean-Talon

Ancien terrain de crosse Shamrocks

Camillien Houde donne un terrain pour la construction de la Maison de l’Italie (Casa d’Italia). Le gouvernement de Mussolini défraie les frais de la construction. Inauguré en 1936, ce bâtiment Art Déco se veut un pôle communautaire pour les italiens de Montréal. Plusieurs évènements politiques et culturels y sont tenus. L’OFI s’y installe dès le début. La Casa d’Italia est à ce moment le centre névralgique des fascistes montréalais. Les leaders de la communauté par patriotisme envers la mère patrie embrassent le gouvernement fasciste.

Guido Nincheri alias le « Michel-Ange de Montréal» reçoit la demande de représenter une scène du Traité de Latran de 1929 dans l’église Notre-Dame-de-la-Défense. Il doit illustrer les signataires de ce traité le Vatican et le gouvernement italien dont Mussolini (photo). Il s’oppose à le faire. On le menace de ne pas le payer alors il le fait à contrecœur.

En 1936 lors de la campagne militaire italienne en Éthiopie, les femmes sont invitées à l’église Notre-Dame-de-la-Défense  pour échanger leurs alliances de mariage en or afin de soutenir l’effort de guerre. Cette souscription nommée « Or per la patria » consiste à échanger son anneau d’or contre un anneau de fer.

 

L’Italie déclare la guerre à la France et l’Angleterre en juin 1940. Dès le début, les leaders fascistes montréalais et autres sympathisants sont arrêtés. Le mouvement est décapité. Le curé Maltempi de Notre-Dame du Mont-Carmel est aussi arrêté. L’armée canadienne met la Casa d’Italia sous verrou. Elle est remise à la communauté après la guerre. Environ 600 personnes seront arrêtées dont Guido Nincheri, ils sont envoyés dans un camp d’internement à Petawawa. Nincheri sera le voisin de chambre du maire de Montréal Camillien Houde qui sera également arrêté. Il en « profite » pour dessiner le portrait de Houde (photo).

Les immigrants de la première vague (1876 à 1922) proviennent du sud de l’Italie qui est rural et très conservateur. Ces immigrants sont peu politisés et peu scolarisés. Ce qui explique en partie l’implantation du discours fasciste.

Suite à la Deuxième Guerre mondiale, une deuxième vague (1946 à 1976) d’immigrants italiens débute. Cette vague est plus nombreuse que la première. En 1951, on compte 30 000 italiens à Montréal. En 1981, on en trouve 163 735. Cette vague est via le parrainage : la famille sur place les prend complètement à charge. L’échange d’informations (lettres et témoignages) entre la famille en Italie et ici est un facteur important. Ils proviennent majoritairement du sud de l’Italie. Ils connaissent peu la langue et le pays. La vague précédente leur est d’une aide précieuse. Ils sont peu scolarisés ainsi ils trouvent de l’emploi dans le milieu de la construction notamment. Le Montréal de l’après seconde guerre connaît un boom de construction domiciliaire. Cette vague se sent peu intéressé par la politique et la syndicalisation : ils jugent que leur sort c’est amélioré en immigrant. Deux causes les mobiliseront : une taxe de l’église et la question linguistique. Tout comme la vague précédente, son but est d’acquérir une propriété et une maison. Provenant d’un monde rural, elle est attirée par la société de consommation. Un couple fraîchement arrivé qui passe leur première nuit à Montréal chez de la famille se rappelle avoir remarqué : « Après deux ans, ils ont déjà une laveuse et une télévision »!

Inauguré en 1960, le boulevard Métropolitain va transformer des localités rurales comme Saint-Léonard en banlieues. Après avoir fait usage des services trouvés dans la Petite-Italie et avoir trouvé une certaine indépendance, la communauté va s’établir à Saint-Michel, Notre-Dame-de-Grâce, Saint-Léonard, Montréal-Nord, Ville Émard, Vimont…dans des milieux francophones. À partir de 1971, on observe une décroissance de la population italienne dans la Petite-Italie. En 1981, la communauté italienne est la quatrième en nombre au Canada et le troisième au Québec.

Saint-Léonard en 1958

Depuis les années 1960, la population d’origine britannique recule en nombre. Cependant l’usage de l’anglais ne cesse d’augmenter : les nouveaux arrivants s’anglicisent. La communauté italienne choisit pour ses enfants la langue de la réussite commerciale et de l’ascension sociale : l’anglais. En 1930, plus de la moitié de la communauté fait sa scolarité en français. En 1960, c’est seulement 10% qui font ce choix. La « Révolution Tranquille » va confirmer le Québec comme société de langue française. Des tensions naissent dans les quartiers qu’ils partagent avec des francophones. En juillet 1968, la commission scolaire de Saint-Léonard décide que le français sera la langue d’enseignement. Deux factions s’opposent : « Association of parents of Saint-Léonard » et « Mouvement intégration scolaire » (MIS). Le 3 septembre 1969, lors d’une assemblée du MIS, une cinquantaine de parents de la communauté italienne viennent protester. La bagarre éclate et une centaine de policiers sont dépêchés sur les lieux (photo)! Le 10 septembre, le MIS organise une manifestation dans Saint-Léonard. 2000 à 2500 personnes y participent. Le tout dégénère à la bagarre, échauffourées, vandalisme, émeute, cocktails Molotov, gaz lacrymogènes… L’anti-émeute de la Sûreté du Québec est appelée sur les lieux.  À l’angle de Lacordaire et Jean-Talon, le maire de Saint-Léonard Léo Ouellet proclame la loi de l’émeute : « Sa majesté la Reine enjoint et commande à tous ceux qui sont ici réunis de se disperser immédiatement. Dieu sauve la Reine ».  Le milieu anglophone (The Gazette et Montreal Star) supporte la communauté italienne. L’argument central de la communauté est que toute loi doit s’appliquer à tous les québécois et pas seulement aux immigrants.

3 septembre 1969

10 septembre 1969

La famille est une unité de production. Tous les membres contribuent : payer la dette contractée pour la traversée et l’achat d’une propriété. Originaires du sud de l’Italie, la mise en commun est une pratique existante du monde rural : entraide lors de la récolte, les vendanges, la boucherie… La famille élargie est très importante chez les méridionaux. Provenant d’une culture conservatrice, la place de la femme dans le monde du travail est retreinte. Elle s’occupe de la maison et des affaires de la famille. Elle est souvent celle qui est le plus en contact avec la société d’accueil. Les études ne sont guère valorisées à moins qu’elles bénéficient à la famille, mais pour les générations suivantes le parcours scolaire prendra de l’importance. D’ailleurs ces enfants seront confrontés à un choc culturel et générationnel : les traditions et la culture de la famille italienne versus la culture nord-américaine.

Plusieurs de ces pionniers de la communauté italienne se distinguent : Alfredo Gagliardi du Journal « Il Corriere Italiano » se fait élire à titre de conseiller municipal comme Mario Barone qui était très impliqué à Saint-Léonard dans l’immobilier avec son frère Luigi. Pietro Rizzuto sera sénateur. Carlo Rossi élu au fédéral. En affaires plusieurs se démarquent : Leonardo Francheschini (carrière Francon), Alfredo Campo (Petro-Fina), Geloso, Catelli, Saputo… À Ville Émard qui ne connait pas le Hamburger Di Lallo ?

Station Petro-Fina...en Beauce!

La communauté italienne n’habite plus dans la Petite-Italie, mais y revient pour les grandes occasions comme un mariage à l’église. Pour faire ses courses chez Milano ouvert depuis 1954! Ou aller au Caffè Italia ouvert depuis 1956 pour regarder un match de soccer. Les parcs Dante et de la Petite-Italie sont toujours fréquentés par les joueurs de bocce qui nous rappelle l’italianité du quartier!

 

Mai 2019

 

Références bibliographiques et iconographiques :

« Migration, famille et communauté. Les italiens du Frioul à Montréal » par Mauro Peressini. 1990.

« Les italiens au Québec » par Claude Painchaud et Richard Poulin. 1988.

« Les premiers italiens de Montréal. L’origine de la Petite-Italie du Québec » par Bruno Ramirez. 1984.

Archives Ville de Montréal

Casa d’Italia

Musée McCord