L'exode rural vers les villes au 19e siècle ou la genèse de la ville contemporaine
Entre 1830 et 1930, environ 800 000 canadiens-français quittent le Québec pour le nord-est américain. Les outils agricoles coûtent de plus en plus chers et l'accès à la terre pour les enfants de cultivateurs devient plus difficile. Ainsi, c'est le début l'exode du monde rural vers les villes comme Montréal, Québec et Trois-Rivières. Certains se dirigeront aux États-Unis. Nous allons nous intéresser à leur établissement à Montréal.
La période que l'on nomme la Révolution Industrielle voit le travail de l'artisan être remplacé par la machine et celui qui travaille avec cette machine n'est plus un artisan mais un ouvrier. L'invention du moteur à charbon, ou à eau ou plus tard à l'électricité entraîne la naissance de l'usine dans les villes. Les ruraux viennent s'établir en ville près des usines. C'est la naissance du logement ouvrier vers la mi-19e siècle. Ces nouvelles villes industrielles sont un univers très condensé. Tout est à distance de marche: travail, école, église, etc. Il faut tenir compte que les familles ouvrières ne possèdent pas de cheval. Dans la densité des villes, les premiers logements ouvrier sont un endroit où s'entassent énormément de familles. Ces logements ont peu ou pas d'installations sanitaires: eau courante, égout, toilettes. De plus, la collecte des déchets débutent seulement à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Ces circonstances sont le cocktail parfait pour l'éclosion d'épidémies. La mortalité infantile est très élevée. D'ailleurs, on surnommait Montréal, la "Calcutta du Nord" en raison de son insalubrité.
Au travail, les conditions ne sont guère mieux: manque d'aération, éclairage insuffisant rendant la manipulation des machines dangereuse et ces machines sont souvent peu sécuritaires. La semaine de travail peut varier entre 60 à 80 heures par semaine. Dans ce début de l'industrialisation, la femme entre dans une nouveauté, le travail salarié. La femme gagnait à cette époque deux fois moins qu'un homme. L'enfant gagnait trois fois moins! Est-ce que les hommes seront solidaires des femmes ? Pas vraiment car elles seront vus comme des concurrentes pouvant prendre leur emploi puisque coûtant moins cher. De façon général, les syndicats sont pratiquement exclusifs aux hommes. Les seuls cas où une certaine solidarité entre les hommes et les femmes a été observée est dans l'industrie de la chaussure et le textile puisqu'ils travaillaient dans le quotidien ensemble. Ainsi, une certaine connivence s'est développée.
Après ces premières années d'industrialisation, un courant d'aménagement urbain naît en Angleterre, le "City Beautiful" ou la "Cité Jardin". On crée des espaces verts (parcs) pour la population. New York a son Central Park et Montréal avec le parc du Mont-Royal en sont des exemples éloquents. C'est dans le même esprit que l'on commence à installer des services d'égout et d'aqueducs afin d'alimenter la population chez elle. C'est aussi l'apparition des bains publics où les gens pourront aller se doucher et prendre un bain.
L'électricité va changer la donne dans l'aménagement urbain car il sera possible à l'ouvrier d'aller travailler plus loin grâce au tramway (1892). La densité urbaine sera moindre et la ville débute à s'étendre sur l'île de Montréal. Le tramway sera aussi un complément à l'aménagement "Cité Jardin" puisque les habitants de la ville pourront aller se prélasser comme seul les fortunés pouvaient le faire auparavant en se rendant sur les berges de la rivière des Prairies (1895)! De l'eau propre et de l'air pur. Le tramway démocratisera l'accès aux espaces verts.
Dans l'aménagement de la ville quelque chose est propre à Montréal c'est les ruelles permettant au laitier, au boulanger, le livreur de glace de faire leur livraison. Peu à peu, ces métiers disparaîtront. Il y a encore l'aiguiseur de couteaux et ciseaux. Est-ce qu'un jour, on parlera du facteur au passé avec nostalgie ? Demandez la réponse à un député conservateur!