Êtes-vous au « courant » ?
L’histoire de l’humanité a été ponctuée par plusieurs découvertes et innovations. L’introduction de l’électricité a mené à une véritable révolution. La vie de l’être humain en a été complètement changée au travail, à la maison, dans ses loisirs, etc. Au nord de Montréal, on en retrouve quelques exemples : la centrale hydroélectrique de la rivière des Prairies, l’ancien Parc Belmont et les tramways d’autrefois.
Les premiers tramways montréalais apparaissent en 1861, mais ils sont tirés par des chevaux. Il faudra attendre en 1892 pour voir le réseau s’électrifier et s’étendre. Le tramway permettra un certain étalement urbain, car auparavant à Montréal comme ailleurs en Occident, les villes sont des milieux extrêmement denses où tout est accessible à pied (travail, église, école, etc.). L’utilisation du cheval en milieu urbain est très peu répandue mis à part pour les livreurs de lait, pain, glace et charbon. Grâce au tramway, le travailleur pourra occuper un emploi hors de son quartier. Le tramway est introduit au nord au Sault-au-Récollet à partir de 1894. Une ligne partira du centre-ville pour se rendre à l’actuel emplacement du métro Henri-Bourassa où il y avait la gare Ahuntsic. Ensuite, ce tramway poursuivait sa route par le boulevard Henri-Bourassa (anciennement la rue Perras) vers l’Est jusqu’au terminus situé à l’angle de la rue J.J. Gagnier. Ce service menant jusqu’au nord amènera les citadins à la villégiature. Bref, le tramway démocratisera l’accès aux espaces verts et aux divertissements champêtres. D’ailleurs, la compagnie qui offrait le service vers le nord portait un nom fort évocateur : « Montreal Park & Island ». À partir de 1908, une nouvelle ligne de tramway partira de J.J. Gagnier sur Henri-Bourassa jusqu’à la rue Pigeon et Gouin à Montréal-Nord. La « Montreal Tramways Company » acquiert la « Montreal Park & Island » quelques années plus tard.
En semaine, la population empruntera les tramways pour se rendre au travail. Les propriétaires des compagnies de tramways voudront rentabiliser leur exploitation lors des week-ends grâce aux parcs d’attractions! Dans les villes européennes et nord-américaines, les parcs d’attractions sont apparus à partir du milieu du 19e siècle. Les municipalités d’alors désiraient améliorer les conditions de vie de ses habitants en offrant des espaces verts : des parcs publics. Les villes de cette époque s’adaptent à la révolution industrielle, à l’établissement des usines et aux conditions sanitaires insalubres. Dans ces espaces qui seront à l’origine administrés par les pouvoirs publics, on y retrouvait des activités champêtres comme des orchestres, des jeux et toutes sortes de divertissements forains. Des entrepreneurs y verront une opportunité d’en tirer profit. Ainsi, plusieurs parcs offrant divers amusements par des intérêts privés apparaîtront. De plus, l’électricité était une nouvelle source d’énergie et pour démontrer tout ce que peut réaliser cette nouvelle source d’énergie, les manèges électrifiés apparaissent dans ces parcs. Les premiers parcs d’attractions d’envergure iront souvent s’établir en périphérie des grands centres urbains. Le parc iconique par excellence fut celui de « Coney’s Island » à New York. À Montréal, les premiers parcs d’envergure ont été le « Parc Dominion » et le « Parc Sohmer ». À Cartierville, au nord près de la rivière des Prairies, le site du futur « Parc Belmont » était déjà reconnu pour accueillir les visiteurs en quête d’air frais et d’espaces verts. En 1923, le « Parc Belmont » ouvre ses portes, mais cette première saison, il n’y a pas encore de manèges électrifiés. En 1924, arrive les premiers manèges électrifiés dont le célèbre « cynique » qui sera toujours en activité à la fermeture du parc en 1983. Le tramway se rendait déjà à Cartierville depuis 1894. La popularité du parc d’attractions nécessitera de refaire complètement le terminus qui était situé à l’angle de Gouin et Grenet. Pendant plusieurs décennies, on pouvait apercevoir des hordes d’amateurs de sensations fortes marcher du terminus jusqu’à l’entrée du parc qui était située sur la rue Rivoli. Le choix de l’emplacement du « Parc Belmont » fut en fonction de son accessibilité grâce à la proximité du tramway et du pont Lachapelle.
Sur la rivière des Prairies, on retrouve la centrale hydroélectrique du même nom. Elle fut construite de 1928 à 1930. Pour ce projet, on déviera la rivière pour bien alimenter en eau la future centrale : on érigera entre l’île de Montréal et l’extrémité ouest de l’île-de-la-Visitation un barrage qui dirigera le courant de la rivière du côté nord de l’île-de-la-Visitation. Cette infrastructure fut nommée à l’origine le barrage Walker en l’honneur du propriétaire du site des moulins de l’époque. Il sera rebaptisé « Simon-Sicard » en souvenir du meunier qui construisit le site des moulins entre 1724 et 1726. Lorsque les travaux seront terminés, le niveau de la rivière des Prairies en amont (à l’ouest) de la centrale sera rehaussé de 24 pieds (8 mètres). Depuis, le tiers de l’île-de-la-Visitation a été submergé et plusieurs petites îles sont disparues sous l’eau depuis. D’ailleurs, un pont a déjà été supporté par ses petites îles entre 1849 et 1883 : le pont des Saint-Anges. Ce pont était grosso modo situé où l’on retrouve le pont Papineau-Leblanc.
Références iconographiques et remerciements:
- Société d'histoire et de généalogie de Montréal-Nord
-Fonds de la Société pour la conservation du Sault-au-Récollet
- Cité Historia
- Hydro-Québec
- Robert Laurin
- Steve Proulx
- Yves Gaudreau