Chronique publiée dans la revue de la Société d’histoire et de généalogie de Montréal-Nord
Punition divine!
Je me demandais quoi écrire dans cette chronique. Le 20e anniversaire du départ des Nordiques de Québec ? Je m’ennuis de les détester mais non! Ou sur la Fête de la Reine\Dollard\Patriotes ? Bon va pour les Patriotes! Explorons la genèse du mouvement Patriote.
Après la Conquête britannique de 1763, les vainqueurs interdiront aux communautés religieuses de recruter en France. Elles reviendront au Canada suite à la révolution française à la fin du 18e siècle. Les idéaux de la révolution française étaient très anticléricales. Persécutées en France, plusieurs communautés viendront s’installer au Bas-Canada (Québec). Il est peu surprenant que le clergé canadien-français est été méfiant de tout ce qui émanait de la France républicaine et cela jusqu’au début du 20e siècle.
Le retour de ces communautés religieuses fera un grand bien dans le milieu de l’éducation qui avait bien souffert de leur absence. Ainsi, une nouvelle élite canadienne-française scolarisée émergera qui sera au fait des idéaux républicains de la révolution française et de la révolution américaine.
Cette nouvelle élite était composée de personnes de professions libérales : notaires, avocats, marchands, médecins, etc. Elle remettra en question l’ordre établit : l’impuissance des élus du parlement face aux haut fonctionnaires coloniaux nommés par Londres; le pouvoir des seigneurs qui étaient des non élus; et la place du clergé.
Dans les assemblées de fabriques, certains paroissiens questionneront la gestion des affaires paroissiales dont les dépenses. Ceci se déroule à la fin du 18e et début du 19e siècle, à un moment où l’agriculture est en crise en raison du mauvais rendement des terres. Une bonne partie de la population du Bas-Canada vivait la grande misère. Il est donc peu surprenant qu’il y avait des gens qui s’interrogeaient aux affaires de la paroisse.
Déjà réfractaire aux idées républicaines, le clergé sera bien embêté d’avoir à justifier ses dépenses. Certains curés prétendront que les mauvais rendements agricoles et la misère qui en découlait étaient une punition divine en raison du comportement impie de certains paroissiens!
La misère était telle que certains paroissiens ne pouvaient s’acquitter de leur dîme. À Napierville, le curé gardait avec lui au confessionnal le livre de compte. De cette façon, il pouvait refuser d’entendre la confession d’un paroissien qui n’avait pas payé sa dîme!
C’est dans ce contexte que cette nouvelle élite s’organisera en s’impliquant dans la vie publique et éventuellement en politique. Ce qui mènera à la création du Parti Canadien dont sera issu le Parti Patriote quelques années plus tard.
Mais, il demeure une question : le but d’Alain Côté est-il bon ? Ou s’agissait-il d’une punition divine envers les Nordiques et la ville de Québec ?
Mai 2015