La rue Sherbrooke
Sherbrooke/Saint-Denis vers 1910
Ce chemin longe une terrasse géologique formée par le retrait de la Mer de Champlain, il y a 10 000 ans.
Elle surplombe la ville. Jusqu’à la fin du 19e siècle, elle est la limite nord du monde urbain.
Elle est ouverte en 1796 entre les rues Union et Saint-Laurent. Elle se nommait Sainte-Marie. Elle devient Sherbrooke en 1817 pour honorer Sir John Coape Sherbrooke qui était gouverneur en chef de l’Amérique Britannique de 1816 à 1818. Elle est au milieu du 19e dans sa partie centrale, l’artère la plus prestigieuse de Montréal.
Elle est longue de 32km. La rue Westminster dans Montréal-Ouest est sa limite ouest. La rue Notre-Dame au Bout-de-l’ Île est sa limite Est.
En 1852, on installe un système d’aqueduc sur la terrasse Sherbrooke. Une classe privilégiée de familles s’installent entre Aylmer à Côte-des-Neiges. C’est le début de l’apparition de l’expression « Square Mile ». Cette migration vers le « Square Mile » se fera entre 1850 et 1930. Ils sont à 60% d’origine écossaise. Ils quitteront pour Westmount et Outremont.
Sa situation au sommet de la terrasse en fait un lieu recherché pour son aspect champêtre. Au milieu du 19e, elle deviendra l’avenue résidentielle des grandes familles bourgeoises anglophones qui se font construire de somptueuses demeures dans la partie nord-ouest du « Golden Square Mile ». Ces familles quitteront les lieux dans les années 1930.
On trouve peu de commerces. Une réglementation de 1932 en interdit l’ouverture.
Premiers tramways sur Sherbrooke en 1912 entre Victoria et Greene. Le tramway est remplacé par l’autobus en 1959. Par la suite, la voiture est la reine : on élargit la rue et on crée des stationnements.
Des appartements luxueux apparaissent entre 1890 et 1920 dont le Linton en 1907, le premier immeuble d’habitations de plus de huit étages à Montréal. Le Château et l’Acadia suivent en 1925.
Le plus prestigieux et luxueux hôtel, l’Hôtel Ritz-Carlton est inauguré en 1912. Lors de l’ouverture du Ritz-Carlton, la ville de Montréal décide d’asphalter la rue Sherbrooke.
La rue change avec l’arrivée de commerces comme Holt Renfrew en 1937. Puis, les bureaux s’installent dans les années 1950. La population bourgeoise quitte pour Westmount. Le nouveau développement commercial crée une pression menant à la disparition et à la démolition controversée de plusieurs demeures bourgeoises, dont celle de la maison Van Horne en 1973, à l’angle nord-est de Stanley. Cette démolition donnera une conscience patrimoniale. Ces maisons sont remplacées par des tours d’habitations comme le Port-Royal (1966), Le Cartier (1965), Le Cantile House (1964)…
Plusieurs institutions d’enseignement s’installent sur Sherbrooke en faisant une « rue de l’éducation ». Les Sulpiciens installent une mission d’évangélisation sur les flancs du Mont-Royal entre les rues Wood et Côte-des-Neiges. Le tout est rasé et remplacé par le Grand Séminaire en 1854. Leur domaine comprend le Collège de Montréal (1868) et le Couvent des Petites-Filles de Saint-Joseph (1910).
La rue Sherbrooke est une artère de l’éducation :
1821 – L’Université McGill se développe entre les rues McTavish et University.
L’ancienne École des Beaux-Arts occupe en 1955 l’ancienne Commercial School.
Le Complexe des Sciences Pierre-Dansereau de l’UQAM s’installe dans l’ancienne École Technique de Montréal.
La rue Sherbrooke est une artère de lieux de cultes :
Temple maçonnique (1929)
Église Unitarienne du Messie (1907) – Détruite par un incendie en 1987.
Église presbytérienne Saint-Andrews et Saint-Paul (1932)
Erskine and American United Church of Canada (1894) et maintenant intégré au Musée des Beaux-Arts.
Église de la Sainte-Trinité (1865) – Occupée par la congrégation grecque orthodoxe – Incendiée en 1986 (disparue).
La rue Sherbrooke est une artère de musées :
La Montreal Art Association inaugure son nouveau musée en 1912. Cette association créée en 1860 ouvre un premier musée en 1879 au Square Phillips. Il se nomme « Montreal musuem of fine arts » en 1948. Et deviens « Musée des Beaux-Arts » lors des années 1960. Le musée connaît plusieurs agrandissements en faisant l’acquisition de l’église Erskine and American en 2007. Les pavillons sont reliés par des passages souterrains.
Le Musée d’Histoire Canadienne (McCord) était situé sur le campus de l’Université McGill jusqu’en 1955. En 1971, le Musée déménage dans l’immeuble de la McGill College Student Union.
Le Musée Redpath d’histoire naturelle existe depuis 1882 sur le campus de l’Université McGill.
On trouve aussi plusieurs galeries d’art, dont la Galerie Dominion existant depuis 1941 et sur Sherbrooke en 1950. Et plusieurs clubs sociaux comme le Club Mount-Royal depuis 1907.
La rue Sherbrooke est une artère de communautés religieuses :
Maison du Bon-Pasteur (1846). Convertit en résidentiel et la chapelle en salle de concert.
Le Collège Mont Saint-Louis fondée en 1888 par les Frères des Écoles Chrétiennes. Converti en logements.
Quelques bâtiments et lieux d’intérêts d’ouest en est…
3040 Sherbrooke ouest – Maison générale des Sœurs de la Congrégation Notre-Dame. Inauguré en 1908 – L’architecte Jean-Omer Marchand réalise cet édifice de style Beaux-Arts. Il est en béton armé recouvert de briques chamois jaunes. En forme de « H », l’édifice est surmonté d’un dôme. La Congrégation a été créée par Marguerite Bourgeoys en 1658. Il est parmi les premiers édifices québécois a posséder une charpente en béton armé. L’utilisation de la brique s’explique par sa faible rétention d’eau assurant à plus grande durabilité que la pierre grise. Jean-Omer Marchand (1873 - 1936) est parmi les plus grands ambassadeurs du style Beaux-Arts. Ce style se caractérise par la symétrie et une grande volumétrie. Marchand est le premier canadien à obtenir un diplôme de l’École des Beaux-Arts de Paris. Classé monument historique en 1977. Le nombre de Sœurs est en déclin mène à la vente de l’édifice au Cegep Dawson en 1985.
2333 Sherbrooke ouest – Condos depuis 1989 – Maison mère des Petites Filles de Saint-Joseph – Construit en 1911 – La congrégation est créée en 1857. Son rôle était de soutenir les séminaristes et les membres du clergé. Elles entretiennent et confectionnent les habits des ecclésiastiques et elles s’occupent des réfectoires, cuisines et sacristies. Elles œuvrent pour les Sulpiciens du Grand Séminaire puis d’autres institutions comme les Clercs de Saint-Viateur. L’édifice est en forme de « U » formé d’un corps central et flanqué de deux ailes. Son apparence néo-classique s’inspire du Grand Séminaire.
2330 Sherbrooke ouest – Couvent des Sœurs de la Congrégation – Construit en 1913 selon les plans de l’architecte Jean-Omer Marchand.
Au nord de Sherbrooke entre Atwater et la Côte-des-Neiges se trouvait une mission d’évangélisation qui quitta après un incendie en 1694 pour le Sault-au-Récollet. Le Fort est démoli en 1854 à l’exception des deux tours de pierre.
Le Grand Séminaire est construit en 1854 par John Ostell – La chapelle du Séminaire est érigée en 1902 par Jean-Omer Marchand. On trouve une crypte sous la chapelle.
2065 Sherbrooke ouest - Le collège de Montréal existe depuis 1767 – Aujourd’hui, il est une école secondaire – Propriété des Sulpiciens.
1850 Sherbrooke ouest – Temple maçonnique – On y trouve toutes les loges des confréries franc-maçonnes du Québec – Construction 1929 par John Smith Archibald – Style Néo-Classique.
En 1854, le régime seigneurial est aboli. Lors des années qui suivent, les Sulpiciens vendent plusieurs terrains. On construit les 1657 et 1659 Sherbrooke ouest en 1911 – Ces maisons ont une entrée au second étage avec un sous-sol où on y trouvait cuisine et buanderie. Ont déjà été pensions.
1642 Sherbrooke ouest – Sept maisons en rangée – Construction de la tour à condos en 2006.
1601 Sherbrooke ouest – Banque de Montréal – Construction en 1928 – Style Art-Déco – En 1996, une bande métallique « Banque de Montréal » est installée pour couvrir l’inscription taillée dans la pierre « Bank of Montreal ».
Le Chemin de la Côte-des-Neiges aurait été un sentier utilisé par les Amérindiens.
1538 Sherbrooke ouest – On décide en 1923 d’ériger le « Medical Arts Building » - La rue Guy nous rappelle que Étienne Guy possédait une ferme entre les rues Sherbrooke et René-Lévesque.
1541 Sherbrooke ouest – Maison Stanley Clark Bagg – Construction en 1891 – Stlanley Clark Bagg travaille dans le domaine des affaires et participe à la vie politique du Bas-Canada. Il est après les Sulpiciens, le plus grand propriétaire terrien à Montréal.
1509 Sherbrooke ouest – Appartements Linton – Construit en 1907 cet édifice est de style Beaux-Arts. James Linton achète en 1872 une maison construite en 1868. Il fait construire cet immeuble à appartements en face. Il est parmi les premiers édifices à loger des familles à hauts revenus et est parmi les premiers édifices de plus de 10 étages à Montréal. Les appartements Linton avaient un café-restaurant au rez-de-chaussée. Entrée pour dames sur la rue Simpson.
Rue Sherbrooke à l'angle Simpson vers 1900
1491 Sherbrooke ouest – Emplacement de l’ancienne église Unitarienne construite en 1906 et incendiée en 1987. Deux pompiers meurent lors de l’intervention - Érection de la tour à condos de 12 étages en 2007.
1440 à 1460 Sherbrooke ouest – Établissement de galeries lors des années 1980.
1455 Sherbrooke ouest - La construction du Port-Royal, édifice à appartements de 34 étages fera disparaître la maison John Redpath lors des années 1960.
Angle Sherbrooke ouest / Redpath - 3415, rue Redpath – Église Saint-Andrews and Saint-Paul – Construction en 1931 – Église du Régiment Black Watch.
1379 Sherbrooke ouest – Le Musée des Beaux-Arts – Le Conseil des Arts de Montréal ouvre une galerie en 1879 au Square Phillips. On achète la Maison de Luther Holton en 1910 pour ériger l’actuel musée de Beaux-Arts en 1912. Édifice de style classique romain : quatre colonnes, escalier monumental, portes majestueuses… Les années 1990 voient le musée condamner les portes et pratiquer une entrée avec un passage sous les escaliers. Plus tard, le musée reviendra sur cette décision.
Maison Luther Holton
1374 Sherbrooke ouest – Le lieu fut occupé par un terrain de crosse – L’ouverture de ce pavillon du Musée des Beaux-Arts en 1991 – Réalisé par Moishe Safdie qui réalisa Habitat 67 – Le site avait été occupé par « Les appartements Sherbrooke » depuis 1905.
1339 Sherbrooke ouest - Église Erskine and American United – Construction 1898 – Congrégation Église Wes Kirk Beante fort zélée…zèle qui mène à son expulsion de l’église presbytérienne d’Écosse. L’Église sécessionniste est créée et dirigée par les frères Erskine – Style Néo-Roman avec des éléments byzantins – Architecte : A.C. Hutchison – Les vitraux Tiffany proviennent de l’ancienne église de la congrégation située à l’angle René-Lévesque/Drummond – Le nombre de fidèles ne cesse de chuter menant à la décision de vendre au musée des Beaux-Arts.
1321 Sherbrooke ouest – Appartements Château – Inauguré en 1926, l’édifice compte 144 appartements sur 12 étages La réalisation de ce bâtiment fait disparaître des villas bourgeoises en 1924. De style Forteresse Normande, l’édifice est de calcaire Tyndall provenant du Manitoba. Les tourelles rappellent les châteaux. On y reconnaît une ressemblance avec plusieurs grands hôtels du CN et du CP. Mordecai Richler y réside pendant plus de 20 ans. La construction est l’initiative de Pamphile-Réal de Tremblay, propriétaire du journal La Presse.
1300 Sherbrooke ouest – Magasin Holt-Renfrew – Démolition de la Maison Hugh Paton – 1936 – Ce premier grand magasin à s’installer sur la rue Sherbrooke est un signe de l’extension du centre-ville vers le nord. Ajout d’une aile en 1946.
1222 Sherbrooke ouest – Hôtel Ritz-Carlton – Inauguré le 1er janvier 1912 – Construction de style Beaux-Arts du Canadien Pacifique Telegraph qui acheta le terrain en 1910 où l’on trouvait la Maison Henry Mulholland. L’Hôtel fût nommé en l’honneur l’Hôtel Carlton de Londres et le César Ritz de Paris. Il permet à Montréal d’avoir un hôtel de grande renommée en plein quartier bourgeois. Tout a été fait pour éviter une ouverture en 1913 pour éviter le « 13 ». La ville fait prolonger la rue Drummond. On le surnomme « la grande Dame de la rue Sherbrooke ». Chaque étage possède sa cuisine. Personnel européen à l’ouverture pour assurer un prestige et relevé. Possède son dais d’ouverture. On compte 230 chambres sur 9 étages. Agrandi en 1956 de son côté ouest. La Chambre 810 fut le témoin du célèbre mariage Richard Burton et Elizabeth Taylor en 1964. L’hôtel a eu plusieurs visiteurs de marque comme le Prince de Galles, la reine Marie de Roumanie, Mary Pickford, Douglas Fairbanks, Howard Hughes, Richard Nixon, la reine Élisabeth II, Sophia Loren… Les Rolling Stones se sont fait refuser l’accès au restaurant de l’hôtel en raison de leur code vestimentaire !
1245 Sherbrooke ouest – Édifice de la Standard Life – Construction 1962 – Il y avait depuis 1892 la maison Hector MacKenzie qui sera démolie en 1960.
1227 Sherbrooke ouest – Appartements Acadia – Inauguré en 1925 et construit par le sénateur Nathaniel Curry de la Nouvelle-Écosse où il possède une propriété nommée « Acadia ». L’édifice de style néo-classique compte 56 appartements sur 12 étages. On trouvait avant sa construction, la maison de Sir Ducan Orr Lewis. Géré en coopérative depuis 1950. P.K. Subban a vécu dans un appartement-terrasse.
1201 Sherbrooke ouest – Maison James Reid Wilson – Cette maison est construite en 1882 en plein cœur de la bourgeoisie anglophone. Elle possède une belle toiture mansardée en ardoise rouge. Située à l’angle de deux rues, elle a une seconde façade sur la rue Drummond. Cet édifice de pierre comprend toujours à l’arrière son ancienne écurie de pierre. La maison a été occupée par trois banquiers : Thomas Craig, James Baxter et James Reid Wilson. James Reid Wilson dirige la Banque d’Échange du Canada et est directement impliqué dans sa faillite en 1883. Le scandale de cette affaire le force à fuit aux États-Unis en 1884. La maison est louée au banquier montréalais James Baxter qui en devient propriétaire de 1889 à 1900. D’importants travaux sont réalisés entre 1900 et 1902, l’édifice est exhaussé d’un étage et l’on déplace l’entrée principale. En 1936, l’édifice devient une pension pour étudiants.
1195 Sherbrooke ouest – Maison Louis-Joseph Forget – Fondation McDonald-Stewart – Cette maison de style Second Empire a été construite en 1884 selon les plans de l’architecte Maurice Perrault. Elle possède une toiture en fausse mansarde et un revêtement en pierre de taille grise. Elle est implantée dans un secteur où l’on trouve plusieurs maisons bourgeoises, le “Mile Carré Doré”. Forget est un personnage historique important au Québec. Il est le francophone le plus prospère au Canada. Il est courtier, homme d’affaires et homme politique. Il fut le premier canadien-français à entrer à la Bourse de Montréal. Il siège sur plusieurs conseils d’administration, dont le Canadien Pacifique. Il est nommé sénateur en 1896. Il est parmi les administrateurs de la « Montreal Light Heat and Power ». Forget décide de s’installer parmi l’élite anglophone plutôt que francophone près de la rue Saint-Denis. Il s’exprimait aussi bien qu’en français qu’en anglais. Forget vend sa demeure en 1927 à la « United Services Club Inc. », un club destiné aux vétérans de la Première Guerre Mondiale. Cette association lègue l’édifice à la Fondation MacDonald-Stewart.
1175 Sherbrooke ouest – Le Mount-Royal Club – Construit en 1906 – On retrouvait la Maison de John Abbott qui disparaît sous les flammes en 1904. Un ancien abreuvoir à chevaux disparaît lors d’un réaménagement de la rue. L’édifice possède un escalier monumental menant de la rue jusqu’à la porte. De style Renaissance Italienne, il est implanté dans un milieu urbain dense. Le Mount-Royal Club existe depuis 1899 dont les membres sont issus du Saint-James Club désirant un club plus sélect. On trouve parmi ses membres Hugh Allan, Louis-Joseph Forget et Donald Alexander Smith. Pour y être admis, il faut posséder de très bons contacts et la cotisation est très élevée. Ce club est parmi les derniers existants au Québec. Il est réservé aux hommes. Une entrée latérale permet aux épouses et aux filles célibataires un accès où une salle à dîner leur était destinée. On surnommait le club, le « club des millionnaires ». Les plans sont l’œuvre de l’architecte Stanford White. White est assisté par les architectes Hutchison et Edward Maxwell. Sa situation dans le « Mile Carré Doré », nous rappelle que le secteur était celui de l’élite anglophone. Les premières réunions du club ont lieu dans la maison construite pour John Abbott. Après un incendie, les membres décident de construire un nouveau bâtiment.
1188 Sherbrooke ouest – Maison Alcan – 1983 – David Culver dirige Alcan et décide de déménager le siège social en 1979 dans l’ancienne résidence de Hugh Paton qui appartenait au gouvernement iranien et dans l’ancien hôtel Berkeley qui était fermé – On arrive à convaincre l’Iran de vendre avant la Révolution islamique – Ancien Hôtel Berkeley érigé en 1928.
1139 Sherbrooke ouest – Emplacement de la Maison Van Horne – Construite en 1870, cette villa de 52 pièces est destinée à William Cornelius Van Horne qui dirige le C.P. et achève le transcontinental en 1895. Elle est démolie en 1973 pour construire une tour à bureaux devenue depuis l’Hôtel Sofitel (voir sur Google Map). La campagne pour la sauvegarde de l’édifice défraie les manchettes. Suite à la Deuxième Guerre mondiale, Montréal se modernise. Comme plusieurs autres maisons bourgeoises du « Mile Carré Doré », la Maison Van Horne disparaît. La succession de la famille Van Horn se défait de la maison en 1967 invoquant les coûts d’entretien et les changements portés à la rue Sherbrooke. Cornelius Van Horne possède une fortune parmi les plus grandes de la ville. En plus du C.P., il crée une liaison Vancouver – Hong Kong. Il à l’origine des plus grands hôtels au Canada comme le Château Frontenac et le Banff Spring Hotel. Né aux États-Unis, Van Horne va concrétiser l’établissement d’un pays d’est en ouest. L’échec de la préservation de ce bâtiment relevait-il à l’époque d’un patrimoine anglophone que le gouvernement du Québec ne considérait pas. Eut été un édifice du régime seigneurial issu du Canada français les choses auraient été différentes ? Cette démolition rapprochera les « deux solitudes » avec une prise de conscience du patrimoine bâti du 19e siècle typique d’une élite anglophone. Malgré l’échec, les groupes de pression savent dorénavant s’organiser et les médias ont développé une plus grande sensibilité au sujet. Lors du premier anniversaire de sa démolition, plusieurs montréalais se rassemblent chandelles à la main pour se rappeler l’importance de la vigilance citoyenne.
Angle Sherbrooke/Metcalfe sud-est – Ancien emplacement de l’ancienne maison du sénateur George Drummond – Érigé en 1889 en grès rouge de 5 étages – Démolie en 1926 – Remplacé par un carwash. Emplacement via Google Map
Angle Sherbrooke/Peel nord-ouest – On érige en 1860 une rangée de maisons : La Prince of Wales terrace – À leur inauguration, elles seront réservées au personnel du Prince de Galles lors de sa venue à Montréal pour l’ouverture du Pont Victoria. Démolition en 1971 - Emplacement Google Map
James McGill rédige son testament en 1811. Il lègue une propriété de 46 acres et 10 000 livres au « Royal Institute for the advancement of Learning ». Les premiers cours sont donnés dans la maison de McGill en 1829. John Ostell érige en 1843 le pavillon des Arts qui devra être reconstruit en 1863 en raison du dynamitage pour la construction du réservoir MacTavish. On ajoute les deux ailes à ce moment.
Le portail d’entrée fut érigé en 1924. Style grec classique. Colonnade circulaire avec horloges.
Peter Redpath (Redpath Sugar) fait ériger en 1882 un musée d’histoire naturelle et d’anthropologie. Style néo-grec.
Statue « Three Bares » ou « Godwill Fountain” réalisée en 1931 et installée en 1933.
Statue de James McGill érigée en 1996.
Sir William MacDonald a été un grand bienfaiteur. Il fait ériger trois pavillons : Pavillon MacDonald de génie en 1893 - Pavillon MacDonald de physique en 1893 - Pavillon MacDonald de Chimie en 1897.
Pavillon de génie
Pavillon de physique
Pavillon de chimie
892 Sherbrooke ouest – Maison W.A. Molson – Construction en 1906 – Maison et cabinet du docteur Molson.
690 Sherbrooke ouest – Musée McCord – 1906 – McGill Student Union Building – Devient musée et loge la collection Notman – Agrandissement arrière en 1992.
Côté nord de la rue Sherbrooke ouest – Maison William Workman construite en 1874 et démolie en 1955.
Angle sud-ouest Sherbrooke et University – Manoir Downswella érigé en 1862. Vendue à l’Alliance National Insurance en 1933. Inauguration de son siège social en 1937. Remplacée par l’édifice actuel de 22 étages en 1975 - Emplacment via Google Map
555 Sherbrooke ouest – Pavillon de musique – Les donateurs jouent un grand rôle dans l’histoire de l’Université McGill. Ils achètent des propriétés pour ériger le Royal Victoria College. La statue de la reine Victoria est une œuvre de sa fille Louise.
200 Sherbrooke ouest – L’École Technique achète en 1908 une terre agricole entre les rues Ontario et Sherbrooke. Le bâtiment de style Beaux-Arts est la réalisation des architectes John Smith Archibald, Maurice Perreault et Louis-Alphonse Venne. Devient l'Institut de technologie de Montréal en 1958 qui sera intégré au cégep du Vieux-Montréal en 1969. Propriété actuelle de l’UQAM (Faculté des sciences, Département d'informatique, Département d'informatique...)..
125 Sherbrooke ouest – Construction par l'architecte Alexander Francis Dunlop en 1905 pour la "Commercial and Technical High school". Puis devient l'École des Beaux-Arts à partir de 1955. L'école des Beaux-Arts de Montréal ouvre en 1923 au 3450 Saint-Urbain. À partir de 1955, cet édifice est consacré exclusivement à l'enseignement de l'architecture. L'enseignement des beaux-arts déménage à l'ancienne école commerciale et technique. Aux débuts des années 1980, le bâtiment devient l'Édifice Marie-Claire-Daveluy (Bibliothèque Nationale du Québec). Il est occupé par l'Office québécois de la langue française en 1999 et est renommé l'édifice Camille-Laurin en 2009.
3450 Saint-Urbain - Construit en 1907 selon les plans de Jean-Omer Marchand et Ernest Cormier
À l’angle City Councillors – Peinture murale de Tatiana Gooden en 1997 portant sur l’histoire de Montréal.
82 Sherbrooke ouest – Maison Ludger-Duvernay – Construite en 1874, cette maison bourgeoise loge la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Ludger Duvernay imprimeur et patriote puis fondateur de la Société Saint-Jean-Baptiste. La Société y réside depuis 1976. La maison a été construite pour Charles John Brydges. Puis deviens le lieu de rencontre du Club de Réforme du Parti Libéral du Québec entre 1912 et 1972.
51 Sherbrooke ouest – Maison Notman – Construite en 1844 selon les plans de l’architecte John Wells à qui l’on doit la Banque de Montréal sur la rue Saint-Jacques et l’ancien marché Saint-Anne. Il érige cette maison de pierre grise de style néo-classique pour le juriste William Collis Meredith. Il doit quitter sa nouvelle demeure en 1849 suite à sa nomination à la Cour Supérieure à Québec. La maison est louée puis achetée par le fils de John Molson, Alexander. William Notman en fait l’acquisition en 1876. Notman quitte l’Écosse où il a étudié la photographie et arrive au Canada en 1856. Il devient un photographe célèbre dont la collection de photos est aujourd’hui la propriété du Musée McCord. La rue Sherbrooke est au 19e siècle, le lieu de résidence d’une bourgeoisie anglophone. Suite au Krach de 1929, plusieurs de ces demeures bourgeoises passent aux mains d’institutions (Université McGill, hôpitaux, etc.) ou sont tout simplement démolies. Au décès de Notman en 1893, se femme vend à George Drummond qui en fait don à la Anglican Church of Canada et devint la Saint-Margeret’s chez-soi for the incurables. Un ajout est fait à l’arrière sur l’espace de l’ancien terrain de tennis. Devient plus tard Saint-Margeret’s chez-soi for Elderly Ladies. En 2011, elle devient la « Maison du Web » qui offre des espaces de travail pour les jeunes entrepreneurs en technologie. Création de la Fondation OSMO (Operating system of MOntreal), inspirée du concept de l’osmose. OSMO a réussi à financer la remise à neuf de la maison et de l’édifice Saint-Margeret. On y trouve le Café Notman.
2 Sherbrooke ouest – Appartements Godin – Construction en 1914 – 24 appartements – La communauté grecque fait l’acquisition de l’église méthodiste puis plus tard de l’immeuble Godin. L’église est la proie des flammes en 1986 et ce qui en restait fut démoli en 1997. L’immeuble Godin est incorporé à un complexe hôtelier en 2004.
À l’angle nord-ouest Saint-Laurent – La famille Torrance fait construire une maison 1818. On l’a surnommée « Torrance’s folly » (la folie de Torrance). John Molson achète la propriété en 1825. En 1913, United Auto Service achète et devient son siège social et zone de service. Elle est démolie en 1930 et devient une station-service. Emplacement Google Map
60 Sherbrooke est – Monastère des Sœurs du Bon Pasteur – 1846 – Abris aux délinquants et aux filles pauvres – Vente à la société d’habitation du Québec : transformation en 250 logements pour personnes âgées et familles à faibles revenus. La chapelle est une salle de concerts.
170 Sherbrooke est – Maison Buchanan – 1837 – Construite pour le juge Alexander Buchanan – A appartenu aux Sœurs du Bon Pasteur de 1896 à 2003 – Ajout à l’arrière d’un immeuble à condos en 2007.
244 Sherbrooke est – Condos Mont Saint-Louis – 1888 – Les Frères des Écoles Chrétiennes érigent ce collège classique de style Second Empire – Émile Nelligan qui habitait tout près sur la rue Laval y a étudié - Architecte : Jean-Zéphirin Resther – Cégep du Vieux-Montréal en 1970 – 1989, la ville de Montréal en fait l’acquisition pour en faire 195 appartements.
300-306 Sherbrooke est – Maison Louis-Fréchette – 1879 – Architecte : Jean-Baptiste Resther – Fréchette quitte en 1907, un an avant son décès.
438 Sherbrooke est – Maison Dubuc – Construite pour Arthur Dubuc en 1894 – Arthur Dubuc est maçon et entrepreneur en construction. Il est aussi un élu municipal du quartier Saint-Louis de 1879 à 1894. L’architecte Alphonse Raza réalise les plans de cette maison. Dubuc décède en 1895. Le Club Canadien (club privé d’hommes d’affaires) achète l’édifice en 1927 qui ajoute deux étages l’arrière. Le club logeait auparavant dans le quartier Saint-Jacques. Le Club quitte les lieux en 1979 et vend en 1984. Ucal-Henri Dandurand est propriétaire de 1912 à 1920. En compagnie d’Herbert Holt, il développe une grande partie de l’actuel quartier Rosemont. Il nomme le quartier en l’honneur de sa mère, Rose Phillips. L’édifice est dans l’éclectisme victorien et ses formes inspirent spontanéité, variété et opulence. Son entrée cubique est d’inspiration néo-romane. Sa tourelle évoque les châteaux de la Renaissance française. Sa façade, côté est, en pignon est d’influence hollandaise.
853 Sherbrooke est – Maison Deguise – Construite en 1908 pour Louis Deguise, directeur de banque et successeur de Charles Théodore Viau. Suite au décès de monsieur Deguise en 1925, elle devient la même année la propriété de la Fédération Nationale Saint-Jean-Baptiste. La fédération était une association de femmes canadiennes françaises intéressées aux actions en éducation et aux droits des femmes. Fondée par Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, la fédération logeait au Monument National sur le boulevard Saint-Laurent. La maison de la rue Sherbrooke devint un lieu d’œuvres sociales réservé aux femmes canadiennes françaises : on y discutait de la lutte contre l’alcoolisme, lutte contre la mortalité infantile, campagnes de Goutte de Lait… On y imprime deux revues : « La Bonne Parole » et « La Canadienne ». La maison de la fédération a été un lieu où ont rayonné des femmes comme Idola Saint-Jean et Thérèse Casgrain qui militent pour le droit de vote des femmes, Lucie Bruneau pour l’aide aux enfants handicapés, Justine Lacoste pour la création de l’Hôpital Sainte-Justine, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, Simone Monet-Chartrand… La fédération cède la maison en 1978 au père Jésuite Guy Paiement en raison de son engagement social. Aujourd’hui, il s’agit de la Coopérative d’habitation Marie Lacoste-Gérin-Lajoie.
901 Sherbrooke est – Maison Joseph-Hercule Dansereau – 1910 – L’Hôtel de Paris.
1210 Sherbrooke est – Édifice Gaston-Miron – L’édifice est érigé selon les plans d’Eugène Payette entre 1914 et 1917 pour loger la Bibliothèque centrale de Montréal. Une première bibliothèque publique de Montréal ouvre en 1904 dans les locaux du Monument National. La bibliothèque déménage en 1911 à l’École Technique de Montréal. Elle est inaugurée en 1917 en présence du Maréchal Joseph Joffre. La bibliothèque ferme ses portes en 2005 pour déménager à la nouvelle Grande Bibliothèque. Après plusieurs travaux importants de restauration, le Conseil du Patrimoine de Montréal et le Conseil des Arts y emménagent en 2009. La collection de costumes de Radio-Canada (70 000 vêtements et accessoires) y emménage en 2016.
1560 Sherbrooke est – Hôpital Notre-Dame – Inauguré en 1924, l’hôpital est longtemps reconnu le plus grand au Canada français. Elle accueille la première école d’infirmières en 1898. La première transplantation de rein au Canada en 1970. L’institution voit le jour en 1880 sur la rue Notre-Dame dans la vieille ville. L’un de ses fondateurs, Dr Emmanuel Persillier-Lachapelle propose de construire un nouvel hôpital. Le nouvel édifice accueille ses premiers 300 patients en 1924. L’emplacement a été fait pour éviter la proximité d’usines et du chemin de fer. On prévoit que toutes les chambres reçoivent du soleil et que chaque étage donne accès à un solarium. L’hôpital est revêtu de briques vitrifiées et sa structure en béton armé l’a protégeant du feu et des moisissures.
4040 Sherbrooke est – Le Château Dufresne – Construit entre 1915 et 1918, cet édifice est la résidence des frères Marius et Oscar Dufresne. Marius Dufresne est un architecte accompli. Il réalise plusieurs constructions de panache dans l’ancienne Cité de Maisonneuve. Il s’inspire du Petit Trianon de Versailles pour le Château Dufresne. Son frère Oscar est un homme d’affaires dans la fabrication de la chaussure et il est grandement impliqué dans la politique municipale. La demeure des Dufresne se voulait une vision du futur de Maisonneuve : la figure de proue de la bourgeoisie canadienne-française. Les Pères de Sainte-Croix font l’acquisition du bâtiment pour en faire un externat. Le bâtiment connaît des périodes d’abandons et risque la démolition. Il accueille le Musée d’art contemporain de 1965-1968. Suite à une autre période d’abandon, il devient le Musée des Arts décoratifs de Montréal de 1976 à 1997. Il est depuis 1999, le Musée du Château Dufresne.
Le survol de la rue Sherbrooke se termine ici malgré que plusieurs autres lieux et édifices d’intérêts aient pu être mentionnés.
Mars 2021