
FÊTES POPULAIRES ET COUTUMES
Fêtes populaires
À l’époque de la Nouvelle-France, les fêtes les plus célébrées étaient: Noël, Jour de l’an, Épiphanie et le Mardi Gras (et non la Saint-Jean Baptiste).
Marquée par une omniprésence religieuse, la Nouvelle-France fêtait fermement qu’à partir de Noël. Même que Noël n’était qu’un événement gastronomique. Les soirées frivoles débutaient avec le réveillon du jour de l’an. Au lendemain, la coutume était d’aller, en matinée chez nos amis ou autres parents, pour offrir nos meilleurs vœux. Comme en France les échanges de cadeaux se faisaient le Premier de l’an.
À la fête des Rois (l’Épiphanie) où la coutume française était observée un peu partout au Québec. Un pois et une fève étaient dissimulés dans deux des pointes de gâteaux distribués aux invités. Celui ou celle qui les trouvait devenait le roi ou la reine de la soirée. Au Mardi Gras, qui précède une longue période de piété (ou de privations austères!), le Canadien en profitait pour avoir du plaisir. On se costumait et on portait des masques. Maintenant déguisé, le « fêtard » allait de maison en maison pour boire et s’amuser avec les hôtes. À quelques différences près, le Mardi Gras était fêté de la même façon, peu importe la provenance sociale de l’individu.
Coutumes particulières
Certaines coutumes nuptiales françaises ont été pratiquées au Canada aussi. Par exemple, « l’enlèvement de la jarretière »: Le garçon d’honneur se glissait sous la table pour retirer la jarretière de la nouvelle mariée. Cette pratique au Canada prenait la forme aussi de « l’enlèvement de la chaussure ». La prise (jarretière ou chaussure) était mise aux enchères! La cagnotte récoltée par la vente était remise au marié. Il y avait une autre coutume, celle de la salutation par des salves tirées lors du passage du cortège nuptial pour en éloigner les mauvais présages. Au début du XVIIIe siècle, on retrouvait une pratique nuptiale davantage liée à la bonne fertilité du nouveau couple. On récitait des prières dans la chambre des nouveaux mariés... à cela pouvait s’ajouter le jet d’eau bénite sur le lit nuptial. Les mariés assistaient à cette cérémonie à genoux. Bon nombre de ses coutumes ont persisté jusqu’au XXe siècle.
À l’arrivée du printemps était le moment où l’on allait entailler les érables pour en récolter leurs sèves et en faire du sirop d’érable. Cependant, les plaisirs de la cabane à sucre ne se généraliseront pas avant le début du XVIIIe siècle. L’habitant ne faisant qu’entailler qu’un petit nombre d’érables situés près de chez eux. Puis, il faisait bouillir la sève dans la cheminée de sa maison. Peu à peu, on allait de plus en plus loin pour aller cueillir la sève. Donc, au XVIIIe siècle apparaissaient les premières érablières où on y retrouvait: cabane, chaudières, âtres, etc. Bref, c’était au début du XVIIIe siècle que commençaient les premières expéditions à la cabane à sucre.
Au début de l’automne, on avait droit à « l’épluchette de blé d’Inde ». Qui se déroulait de soir, l’épluchette comme son nom le dit consistait à retirer le feuillage des épis récoltés. Cette activité pratiquée autant par l’homme et la femme, prenait une tournure de bal seulement une fois le travail terminé. Cette période de réjouissances, qu’était l’épluchette de blé d’Inde, était d’origines amérindiennes. Chez autochtones, à la même période de l’année on se réunissait pour accomplir les mêmes tâches et cela dans la même atmosphère. Bref, il est peu surprenant que cette coutume provienne des autochtones puisque le maïs n’existait pas en Europe.
En Nouvelle-France, on retrouvait une variante d’une coutume artisanale, celle de la « pose du bouquet ». Qui consistait à clouer un bouquet de fleurs au pignon d’une construction achevé. Au Canada les fleurs furent remplacées par des conifères... bien sûr! Après avoir fixé le « bouquet » au pignon du bâtiment neuf, les célébrations débutaient.
Au premier jour du mois de mai, il y avait « l’érection de mai ». De tradition seigneuriale et militaire, cette coutume faisait passer de bons moments aux miliciens de la paroisse. Au dernier jour du mois d’avril, quelques paroissiens allaient rencontrer le capitaine de la milice de leur paroisse. Pour lui demander la permission de planter un « mai » devant sa demeure. C’est-à-dire, un sapin d’une soixantaine de pieds de haut munis d’une girouette. Généralement la demande était acceptée puisque c’était une marque d’appréciation envers le capitaine. Ainsi le lendemain, des paroissiens escortés de miliciens en armes venaient planter un « mai » devant la résidence du capitaine. Il s’ensuivait d’une salutation par une salve tirée, le capitaine en déchargeait une pour rendre la politesse. Le tout se terminait dans la maison de ce dernier où les invités trouvaient à boire et une table bien garnie! Bref, cette tradition était considérée comme un privilège en raison des obligations militaires des colons.
Parmi toutes les coutumes existantes, celle du « charivari » était la plus particulière. Cette activité, mainte fois bannie, était souvent suivie de désordres publics. Car, on organisait un « charivari » pour désapprouver les faits et gestes (ou même la défaite) d’une ou plusieurs personnes. On le pratiquait souvent après un mariage d’intérêt ou en raison de la trop grande différence d’âge entre les mariés. Un veuvage trop court était également une bonne raison de tenir un « charivari ». Tenu en fin de soirée, le « charivari » consistait à indisposer les victimes par des sérénades et un tapage soutenu. Il était fréquent que cette cérémonie dure plusieurs nuits!
Références:
Les divertissements en Nouvelle-France; de Robert-Lionel Séguin
La civilisation traditionnelle de l'habitant au 17e et 18e siècle; de Robert-Lionel Séguin
La vie libertine en Nouvelle-France au XVIIe siècle; de Robert-Lionel Séguin